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Après avoir été présenté dans de nombreux festivals à travers le monde, le documentaire de Jeffrey Schwarz, I am Divine, sort enfn en France et sera à l'affiche dès le 26 mars 2014. 

 

Ce film basé sur de nombreux documents d'archives, d'extraits de films et d'interviews, relate l'histoire et le parcours de celle qui fut l'une des stars du cinéma underground américain, la drag queen Divine.  

 

De son vrai nom Harris Glenn Milstead, son histoire commence à Baltimore, où il est né le 19 octobre 1945, dans une famille de la classe moyenne conservatrice. Enfant unique, rondouillard, il a subi des discriminations à l'école en raison de son physique, mais également de son attrait pour toutes les activités féminines. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'il porte les vêtements de sa mère Frances, quand il est seul. 

 

Glenn Milstead                                                           Divine à 17 ans

 

Fréquentant  les milieux homosexuels de Baltimore, il se féminise de plus en plus et tombe peu à peu dans la petite délinquance : vol à l'étalage, chèques sans provision, et consommation de cannabis...  

 

A 17 ans, il fait la connaissance de John Waters, un aspirant réalisateur, qui va modifier le cours entier de son existence. En commun, ils ont l'amour du cinéma de Russ Meyer et des formes plantureuses de Jayne Mansfield, qui représente à leurs yeux l'idéal féminin. Ensemble, ils vont créer un nouveau personnage, bien loin des travestis qui cherchent à ressembler aux femmes qui les inspirent. 

 

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Divine en Liz Taylor

 

Non le personnage que Milstead et Waters imaginent est extravagant, excentrique et enrobé. La malice et le côté rebelle de Milstead mêmés à sa complicité sans bornes avec John Waters fait le reste. Cette créature qui se dessine, John lui donnera le nom de Divine.  Divine devient l'égérie de Waters, sa muse, son inspiration et ensemble ils vont  faire des films. 

 

A commencer par Eat your Makeup, un moyen métrage de 1967, dans lequel Divine joue le rôle de Jackie Kennedy, dans une reconstitution de l'assassinat du Président Kennedy. 

 

Ils enchainent sur Mondo Trasho (1969), où Divine devient une créature blonde particulièrement plantureuse, puis Multiple Maniacs (1970), dans lequel John Waters va de plus en plus loin, comme s'il était conscient que cela nourrissait l'anticonformisme de Divine. 

 

 

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Invités par The Cockettes, un célèbre groupe de drag queens, Divine et John s'envolent pour San Francisco. C'est là, sous les conseils du maquilleur Van Smith, que le fameux look de Divine se peaufine. Ainsi, il se fait raser le crâne et Van Smith lui dessine ses immenses sourcils qui caractérisent encore aujourd'hui son personnage.  L'accueil du public est excellent et Harris Glenn Milstead décide de ne vivre désormais que sous l'identité de Divine. 

 

il suffit d'un film, Pink Flamingos, sorti en 1972, pour que Divine soit propulsé définitivement comme Icône du mileu underground. Il faut dire que John Waters va très loin dans ce long métrage.  Pink Flamingos tourne autour de la compétition entre plusieurs personnes les plus immondes de la terre. John Waters convainc ainsi Divine de manger une crotte de chien. La scène devient culte et fait une publicité énorme au film qui devient l'un des blockbusters des "midnight movies". 

 

 

En 1974 dans Female Trouble, Divine interprèle le rôle de la démente Dawn Davenport. Son image s'imprime dès lors sur des T shirts et Divine devient l'une des références dans le milieu grunge. Cependant, voulant dépasser l'image de mangeur de crotte qui lui colle à la peau, Divine, toujours à la recherche d'une légitimité, s'essaie sur les planches. Ses prestations dans les pièces Women behind Bars et Neon Woman, sont applaudies et lui permettent d'envisager de continuer sa carrière en dehors de ses collaborations avec John Waters. 

 

Il n'est alors pas rare de le voir parmi les gens de la jet-set, dans le célèbre club new-yorkais Studio 54. C'est donc tout naturellement qu'après avoir été une diva du cinéma underground, Divine devient une des divas du disco, grâce au manager britannique Bernard Jay. Il enregistrera plusieurs titres à succès. 

 

 

En 1981, Divine et John Waters travaillent à nouveau ensemble sur Polyester. Le personnage de Francine Fishpaw, beaucoup moins sulfureux que les précédents, permet à Divine de changer d'image. Son partenaire Tab Hunter est l'une des idoles de sa jeunesse. Tab Hunter tombe sous le charme de Divine. Et c'est  avec insistance qu'il réclame la célèbre drag queen, comme partenaire dans le film Lust in the dust (1985), une parodie de westerns spaghettis. Ce sera le seul film de Divine non réalisé par John Waters. 

 

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La réputation de Divine n'est plus à faire, mais l'artiste souhaite toujours aller là où ne l'attend pas. Il envisage de jouer plus de rôles de composition et d'exister en tant que comédien masculin... Hairspray lui offre la possibilité de montrer une nouvelle facette de ses nombreux talents. Ainsi dans ce film qui inspirera la comédie musicale du même nom., il crée le rôle d'Edna, la mère de Tracy Turnblad, une jeune adolescente rondoullarde de Baltimore, qui rêve d'intégrer un programme de danse à la télévision locale, et cela en plein coeur des années 60. Il joue également son premier rôle masculin, celui du directeur raciste de cette chaine de télé. 

 

Faut-il voir là un juste retour, comme une boucle vers son adolescence? Je pense que oui. Ce sera d'ailleurs sa dernière prestation. 

 

En effet, alors qu'il a rejoint Los Angeles, pour y commencer le tournage de la seconde saison d'une série à succès, Mariés deux enfants, dans laquelle il doit jouer le rôle de l'oncle, il décède dans sa chambre d'hotel, la veille de sa première journée de travail en mars 1988. Il rejoint la longue liste des artistes morts en pleine gloire.

 

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Un destin incroyable qui est donc raconté dans ce documentaire, I am Divine. Mais au delà du parcours artistique de Divine, on découvre l'histoire plus personnelle d'un homme qui, toute sa vie a lutté contre les conventions sociales de la beauté, contre les discriminations liées à l'apparence physique et à l'orientation sexuelle. C'est l'histoire d'un enfant grassouillet persécuté qui finalement a fait de ses failles et de ses différences des forces qui lui ont permis d'avoir le dernier mot sur ses bourreaux. 

 

On y parle de l'addiction, de la célébrité, de l'attrait des projecteurs et du respect de l'artiste. Un artiste qui a cherché jusqu'au bout à se faire aimer du plus grand nombre et qui est parti au moment même où il commençait à se faire un nom auprès du grand public. 

 

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Jeffrey Schwarz

 

Si Jeffrey Schwarz a décidé de faire un documentaire sur Divine, ce n'est pas un hasard, mais le fruit d'une longue réflexion qui s'est imposée à lui comme une évidence. Ca commence quand , adolescent, il lit le livre Cult Movies de Danny Peary, qui évoque entre autres Pink Flamingos. Ca continue par sa quête de toutes les informations concernant ceux qui ont participé à ce film, à défaut de ne pouvoir le voir. Ca continue encore lorsque, étudiant en cinéma, il a enfin la chance de voir toute la filmographie de John Waters et de Divine. Ca se dessine un peu plus quand John Waters accepte de participer au film de Jeffrey, Spin Tingler! The William Castle Story! Enfin lorsqu'en 2007, il produit le DVD You Can't stop the beat, the long journey of Hairspray, réalisé lors de la sortie du remake. Une partie est consacrée au film original, et il rencontre alors plusieurs collaborateurs de John Waters, et cela achève l'envie de rendre hommage à l'icône Divine et à l'artiste qu'il était. 

 

I am Divine offrira sans doute à beaucoup d'entre nous l'occasion de se replonger dans un certaine idée du cinéma américain et d'une tranche de son histoire, qui continue aujourd'hui à inspirer de nombreux réalisateurs. D'autres découvriront un artiste et un performeur singulier qui, à sa manière, a permis de faire évoluer les mentalités, d'un monde tellement conservateur. 

 

 

I am Divine, L'histoire vraie de la plus belle femme du monde, un film de Jeffrey Schwarz, avec Divine, John Waters, Ricki Lake, Tab Hunter, Michael Musto, Mink Stole, Holly Woodlawn, Bruce Vilanch, Greg Gorman, Frances Milstead, Sue Lowe, Pat Moran, Mary Vivian Pearce, Vincent Periano, Jackie Beat, Dennis Dermody, John Epperson alias Lypinska et Joshua Grannel alias Peaches Christ. 

 

Sortie en salle le 26 mars 2014. 

 

Toutes les informaitions sur le film : www.iamdivine.fr

et sur le site du distributeur : www.zeligfilmdistribution.com

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