Jusqu'au 10 avril, le Théâtre Trévise nous transporte dans le Londres de la fin du 19ème siècle, à la rencontre d'un des plus mystérieux des serial killers, jamais identifié jusqu'à présent. Son nom Jack, l'éventreur de Whitechapel! 

Toutes les hypothèses sur l'identité de celui qui a terrorisé Londres pendant 10 semaines en cette fin d'années 1888, ont été étudiées. Pourtant aujourd'hui encore, le doute subsiste. On peut se demander si on saura un jour qui était Jack l'éventreur. 

Mais le sujet suscite l'intérêt. Tous les éléments sont réunis pour en faire un thriller haletant, des lieux sordides : le quartier de Whitechapel, des personnages en marge de la société anglaise : les prostituées du bas-fond de Londres et un tueur mystérieux...

 

Des éléments repris avec talent par Guillaume Bouchède et Jean Franco pour leur pièce musicale Jack, l'Eventreur de Whitechapel. 

Mais revenons en quelques mots sur le fond même de l'histoire.

Tout commence dans le quartier populaire de Londres, Whitechapel, dans le East End. Entre le 31 aout et le 9 novembre 1888, on retrouve le corps de 5 femmes, Ann Mary Nichols, Annie Chapman, Elisabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly. 

Dorset Street, dans Whitechapel en 1888

Elles ont toutes été étanglées, égorgées et atrocement mutilées. 

Le mode opératoire de ces meurtres sordides laisse penser qu'ils ont été commis par une même et seule personne. L'assassin choisit ses victimes parmi les prostituées, proies faciles. Il est bientôt surnommé "Jack the Ripper", la signature que l'on trouve sur de nombreuses lettres envoyées à la presse et à la police. 

L'oeuvre de celui qui est l'un des premiers tueurs en série de l'histoire inquiète autant qu'elle fascine. Scotland Yard est en alerte, d'autant que les journaux de l'époque consacrent tous  leur une à cette affaire. 

Illustration du meurtre d'Annie Chapman

L'enquête de Frédérick Abberline, Inspecteur en Chef, n'est donc pas aisée. Il lui faut arrêter le meurtrier au plus vite. Malgré de nombreux témoignages, l'arrestation de plusieurs suspects, l'affaire ne sera jamais résolue. 

D'autant que les meurtres s'arrêtent brusquement. 

L'idendité de Jack l'éventreur reste un mystère qui continue d'alimenter les rumeurs et les hypothèses 130 ans après les faits. 

Sur cette base historique, Jack, l'Eventreur de Whitechapel mêle habilement les faits avec la fiction...

Décembre 1888, Montague John Druit s'est suicidé en sautant dans la Tamise. Le chef du département d'enquêtes criminelles de Scotland Yard est persuadé que cet homme est Jack l'Eventreur. Il n'y aura donc plus de meurtres... 

Mais Abberline, l'inspecteur en charge de l'enquête a des doutes, il se remémore le début de l'affaire. 

Whitechapel, Des crimes odieux perpétrés sur des prostituées du quartier défraient la chroniques. 

L'inspecteur Abberline et son adjoint Morty voient se succéder de nombreux suspects sans jamais mettre la main sur le meurtrier.

C'est le moment que choisit Thomas, un jeune peintre américain, pour venir s'installer dans ce quartier et cotoyer ce monde de misère. Il tombe sous le charme d'une de ces malheureuses, Emma, contrainte de se prostituer pour payer un endroit où dormir et qui acceptera de poser pour lui. 

Mais qui est cet homme qui parle peu et qui semble bien mystérieux? 

 

Jack l'Eventreur de Whitechapel est une pièce particulièrement bien écrite qui nous plonge dans les coulisses de cette série de faits divers atroces. L'histoire nous permet de donner une vie aux victimes dont seuls le nom et les photos des corps sont parvenus jusqu'à nous. 

Le Théâtre Trévis prend soudain des allures de bas-fonds londonniens, d'une époque victorienne qui semble bien loin derrière nous.

Le tout grâce à une scènographie dépouillée mais efficace et des costumes surprenant qui reprennent les coupures de presse de l'époque, costumes créés par Zoé Imbert.  

La mise en scène de Samuel Sené est audacieuse. Par exemple les projections vidéos sur chacune des victimes de l'éventreur, qui marquent bien l'atrocité des actes commis, ou encore les mannequins de coutures qui symbolise chacune des malheureuses qui sont tombées entre les mains de ce monstre sanguinaire. 

Il y a quelque chose de l'ordre de cette forme de spectacle très en vogue dans le Paris du 19ème siècle qu'on appelait le grand guignol. Un théâtre qui avait pour but de faire peur. 

C'est aussi et avant tout une pièce musicale qui respecte les codes du genre. Et on imagine très bien ce spectacle joué dans le West-End ou à Broadway. Dès la première scène on pense à Oliver ou aux Misérables. 

Les chansons, dont la musique est signée par Michel Frantz, illustrent parfaitement l'ambiance de l'époque et des peurs des habitants de Londres. Le tout est interprété en live, trois musiciens jouant pour accompagner des acteurs aussi à l'aise dans le jeu qu'en chant et dans les chorégraphies soignées que l'on doit à Amélie Foubert. 

Oui la troupe est tout à fait incroyable. Il y a de la justesse dans l'interprétation de ces personnages que la vie n'a pas épargnés. On a, à les voir sur scène, de la compassion de l'empathie pour ces malheureuses qui prennent corps, qu'on entend évoquer leur drame, la façon dont elles ont été tuées... 

On pourrait penser qu'il est impossible de raconter cette histoire, qui a traversé le temps jusqu'à nous, sans tomber dans le glauque et le sensationnalisme. Cette pièce musicale prouve qu'il n'est rien. 

Le sujet est traité avec subtilité et empathie, avec humour aussi notamment dans le duo Abberline et Morty. Ce sont des tranches de vie qui sont livrées devant nous. Des vies de misère dont l'horreur absolue s'est emparée dans l'obscurité des rues du 19ème siècle pour les rendre éternelles. 

On sort du Théâtre Trévise sans savoir vraiment qui était Jack l'Eventreur de Whitechapel, mais avec la sensation que ses victimes ont retrouvé un peu cette humanité que le meutrier leur a oté en même temps que la vie. 

Et c'est le beau pari de ce spectacle! 

Il reste quelques représentations à ne pas manquer. C'est pourquoi, je vous encourage vivement à découvrir ce Jack, l'Eventreur de Whitechapel! 

Jack, l'Eventreur de Whitechapel, un spectacle écrit par Guillaume Bouchède et Jean Franco, musique de Michel Frantz, mise en scène par Samuel Sené, avec Laura Bensimon, Marion Cador, Julie Constanza, Jean-Baptiste Darosey, Madline Marbaix, Alexandre Jérôme, Rachel Pignot, Angélique Rivoux, Sandrine Seubile, Harold Simon et Juliette Behar. 

Au Théâtre Trévise, 14 rue de Trévise 75009 Paris. 

Les lundis 2 et 9 avril à 19h30 et les mardis 3 et 10 avril à 21h30. 

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Jack, l'Eventreur de Whtechapel : Un musical autour d'un des plus grands mystères de tous les temps!
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