On le sait la première guerre mondiale a fait de nombreuses victimes, bien au delà des morts. Les survivants, marqués à vie dans leur chair et leur âme... Des destins dont le cinéma, le théâtre ont rendu hommage. Parmi ces destins, l'existence de Paul Grappe est sans doute le plus singulier. la pièce Suzanne, la vie étrange de Paul Grappe lui est consacrée. 

Hasard du calendrier, le film d'André Téchiné, Nos Années Folles, est sorti le 13 septembre. Il s'inspire tout comme la  bande dessinée de Chloé Cruchaudet, Mauvais Genre, du livre La Garçonne et l'Assassin de D Voldmann et F Virgili. Les média se sont donc intéressés à l'histoire incroyable de Paul Grappe alias Suzanne. Aujourd'hui c'est sur la scène du Théâtre de l'Hopital Bretonneau, que la Compagnie Rosa Rossa s'apprête à refaire vivre la vie étrange et pour le moins incroyable de Suzanne. 

1915, Paul Grappe, un caporal de 24 ans, blessé deux fois, déserte le front. De retour à Paris, il cherche une solution pour vivre... Libre. Puisque la police traque un homme, il sera une femme... 

Pendant 10 ans, avec l'aide de son épouse Louise, Paul devient Suzanne Langard, une jeune femme qui travaille à domicile, comme couurière. Mais celle que l'on surnommait la Garçonne, fréquente également le Bois de Boulogne, Montmartre et Montparnasse. Adepte de l'union libre et des amours multiples, il est possible qu'elle se soit prostituée. 

Une vie discrète qui devient de notoriété publique, lorsqu'en 1925, la loi relative à l'amnistie est promulguée. Les déserteurs et autres insoumis ne seront plus hors la loi. Paul Grappe refait surface le 28 janvier 1925 et il est rayé des contrôles désertion. 

Mais face à cette histoire peu commune, la presse commence à s'intéresser à Paul/Suzanne. Les gros titres sont clairs : "Mam'zelle Suzanne était un déserteur", Mademoiselle Suzanne était un homme", "Mademoiselle Suzanne dite la Garçonne revit en Paul Grappe, déserteur... Amnestié". 

Après les séquelles laissées par la guerre, une vie de clandestinité, le retour à la vie d'homme entraîne des des problèmes d'identité. Paul Grappe boit énormément, s'exhibe dans les cafés habillé en femme et raconte son histoire en montrant ses photos. 

Face à Louise, il est un mari possessif et de plus en plus violent. 

Cette histoire ne pouvait que mal finir! C'est ce que nous livre la pièce Suzanne. 

Elle relate un fait divers qui a défrayé la chronique il y a cent ans. Tous les ingrédients y sont réunis, désertion, travertissement, meurtre et procès. 

Suzanne, la vie étrange de Paul Grappe est donc mise en scène par Julie Dessaivre qui en signe également l'écriture.  

C'est à partir du dossier de l'affaire qui fut déposé par Maitre Garçon, l'avocat de Louise Grappe, aux Archives Nationales, que Julie Dessaivre trouve les éléments nécessaires à l'écriture de la pièce. Il faut dire que ce dossier est particulièrement riche, entre les témoignages, le carnet de Louise, les lettres de Suzanne, les coupures de presse et autres documents photographiques. 

Julie Dessaivre n'en souligne pas moins le travail important des comédiens : 

"Cette création collective s'est nourrie d'allers-retours entre mon écriture et les improvisations de la troupe au plateau". 

Une troupe composée de cinq jeunes comédiens qui redonnent vie à des personnages traversant le temps dans un pièce dramatique, qui laisse cependant la part belle à l'humour et à la musique, dont le thème principal est cette soif de liberté. 

"J'ai senti la nécessité de porter au théâtre cette histoire d'un autre siècle. Deux personnages qui veulent échapper à des violences insuppotables, leur quête de liberté : Tout cela a encore tellement de résonnance aujourd'hui.". 

Après un passage remarqué lors du festival d'Avignon, Suzanne, la vie étrange de Paul Grappe s'installe donc à Paris pour quelques représentations. C'est l'occasion d'en connaitre un peu plus sur l'une des histoires les plus incroyables de ces années folles. Rendez-vous donc au Théâtre de l'Hôpital Bretonneau. 

 

 

Suzane la vie étrange de Paul Grappe, écriture et Mise en scène de Julie Dessaivre, texte librement inspiré de La Garçonne et l'Assassin, assistée de Roxane Mettray, Création lumières Matthieu Tricaud, Création musicale Edouard Demanche, Costumes Marie Armelle Bloch. 

Avec Eloïse Bloch, Edouard Demanche, Constance Gueugnier, Zacharie Harmi et Léa Rivière. 

Au Théâtre de l'Hôpital Bretonneau, 23 rue Joseph de Maistre 75018 Paris, les 14, 15 et 16 septembre à 20h30 et le 17 septembre à 19h30. 

Réservations : http://www.billetreduc.com/193998/evt.htm

Pour plus d'informations : https://www.facebook.com/Suzannecierosarossa

Suzanne, la vie étrange de Paul Grappe : Une page méconnue de la première guerre mondiale.
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