Leah Marciano nous donne régulièrement son avis sur les films qui sortent en salle. Aujourd'hui, elle nous parle du film événement de l'été :  Dunkerque de Christopher Nolan. 

 

 

Entre le nouveau space opera de Besson, le 47ème Spiderman, le 15ème Planète des Singes et le nouveau somnifère signé Sofia Coppola, cet été on a eu le meilleur film de guerre depuis le Soldat Ryan. Dunkerque de Christopher Nolan, ce sont des soldats belges, des soldats anglais et des soldats français sur une plage, alors ça commence comme une blague mais il s'agit en fait de la semaine passée par les Alliés sur la plage de Dunkerque en mai 1940.

On est à la fois dans un récit classique de bataille, celui qu'on aime tous, les méchants, les gentils, le côté historique qui nous fait nous sentir moins con en sortant. Des personnages plein de boue et de courage, d'excellents comédiens anglais, évidemment c'est un pléonasme. Une nappe musicale anxiogène superbement signée Hans Zimmer, le maitre du genre (Notez bien ce jour comme celui où j'ai dit du bien de Hans Zimmer).

Mais rapidement, on ne perd pas de vue qu'on est devant un film de Christopher Nolan, un des rares cinéastes à la carrière purement et simplement virtuose, sans fluctuation.

C'est à dire qu'il a déjà composé avec des scénarios nuls, des compositeurs peu inspirés ou des comédiennes franchement pas investies mais il n'a jamais, jamais loupé un plan, un cadre, un mouvement de caméra ou manquer une occasion de nous surprendre.

Et ici il révolutionne même un genre qui prenait la poussière. On est face à deux partis-pris culottés et brillants qui nous collent aux tripes.

 

Premièrement, et c'est la grosse originalité du film, la chronologie est complètement éclatée.

On est face à 3 histoires qui s'imbriquent parfaitement, à des destins croisés qui se complètent, et tout ça sur une temporalité différente, propre à chacun de ces destins.

Le génie de Nolan est précisément dans cette idée et surtout dans la réalisation de cette idée.

1h47 de film, une bataille, 3 histoires qui se déroulent à la fois sur une semaine, une journée et une heure.

Au point culminant, quand tout se regroupe, quand tout prend sens, on est à la fois au top de notre panique et au top de notre soulagement, c'est typique de Nolan : nous donner l'occasion de respirer alors qu'on est au climax de l'angoisse.

 

 

La seconde particularité de Dunkerque c'est que jamais, jamais nous ne voyons notre ennemi. La mise en scène étant purement immersive, il est parfaitement logique de ne pas apercevoir un regard ou un cheveu Allemand.

Ils sont cachés derrière leurs barricades ou dans leurs avions de chasses. Parfaitement sensé donc de ne pas les voir, et pourtant quel cinéaste peut se vanter d'avoir assez confiance en ces héros pour se permettre de ne pas filmer le meilleur des faire-valoir : le Nemesis.

Cette petite histoire de 10 jours au cœur de la Grande Histoire de la Seconde Guerre Mondiale est méconnue ou oubliée.

Cette plage de Dunkerque, pourtant hautement importante géographiquement, est constamment dans l'ombre de celle du Débarquement.

Pourtant, elle symbolise beaucoup plus notre pays et notre future Europe que celle d'Omaha Beach. Car la France et l'Europe, ça n'est pas les Américains qui nous délivre un beau matin, même si nous les remercions bien fort.

La France, l'Europe c'est 3 nations alliées, acculées à la mer, face à la guerre, qui luttent ensemble pour leur survie. C'est une défaite historique de bataille, mais c'est un succès humain et s'il y avait bien une victoire que l'on souhaite retenir de 39-45, c'est bien celle de l'humain, la volonté de vivre, de se battre ensemble et celle d'espérer, car il y a une chose que jamais les ennemis ne pourront bombarder : c'est notre humanité.

Dunkerque, un film de Christopher Nolan, actuellement en salle

Avec : Fionn Whitehead, Mark Rylance, Tom Hardyn Harry Styles, Harry Keoghan, Aeurin Barnard, Kenneth Branagh, Jack Lowden, James D'Arcy, Matthew Marsh, Om Nolan, Damien Bonnard, James Bloor, Bobby Lockwood, Brandon Duracher, Mirando Nolan, Elliott Tittensor, Johnny Otto , Bradley Hall, Valiant Michael, Bill Miller, Jack Cutmore-Scott. 

L'Instant Ciné de Leah Marciano : Dunkerque
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