Après une première adaptation en 2014, King Kong Théorie revient depuis le 25 mai à l’Atelier Théâtre. L’occasion d’un coup de projecteur sur la condition féminine.
King Kong Théorie avait fait figure de brûlot lors de sa parution en 2006. La critique autour du livre de Virginie Despentes illustrait d’ailleurs tout le débat sur la condition féminine. On passait d’un accueil positif digne du domaine du génie chez une partie du public, à une violence verbale insultante d’une autre frange de la population, touchant aux thématiques abordées dans l’oeuvre de l’auteure.
Des thématiques toujours actuelles et qui risquent de le rester bien longtemps. La condition féminine est le fil rouge de King Kong Théorie, un fil rouge d’autant plus fort et déstabilisant qu’il touche personnellement Virginie Despentes, et s’entrechoque avec les évènements qui ont marqués sa vie; viol, harcèlement sexuel, prostitution, drogue. Mais au-dela, c’est de la place de la femme et du regard constant et parfois (voir souvent?) malsain de l’homme sur elle, dont il est question.
King Kong Théorie aborde tous ces sujets par chapitre, et la pièce suit d’ailleurs fidèlement ce déroulé.
A travers les interprétations plus que justes et personnelles de Anne Azouley, Marie Denarnaud et Valérie de Dietrich, les trois artistes se complètent dans ce témoignage vibrant et fort.
Un témoignage sobre également, presque clinique par sa froideur en forme de réquisitoire. On y colle heureusement une dose d’humour sans quoi le récit serait d’une lourdeur cadavérique trash. Mais un humour glacé, cynique, qui ne laisse pas de marbre et nous emmène au fil des étapes de cette traversée des tréfonds de l’âme féminine.
La mise en scène signée Vanessa Larré accompagne ce voyage à trois voix, mêlant astucieusement au texte une captation vidéo en direct interpellant le public, jusqu’à l’embarras.
Cette façon de livrer de manière brute, sans tricher, toute l’essence du texte, à travers différents supports (vidéo, bande son), ajoute un rythme supplémentaire à King Kong Théorie et sert l’intérêt de la pièce comme celui de la condition des femmes. Elle pousse vraiment à s’interroger sur la place et le rôle des femmes dans la société.
King Kong Théorie tire en cela un signal d’alarme, donne force au message sur la condition des femmes, soulevant de nombreuses questions.
Dans une société qui s’appuie sur des millénaires de traditions patriarcales, quelle voix donner au chapitre pour les femmes ? Les cultures, les traditions, les religions ont forgé en effet des millénaires d’inégalité Femmes/Hommes, inégalités que l’on retrouve dans la violence latente de King Kong Théorie, exprimée à travers ce qu’elle peut livrer de plus fort et cruel dans l’antagonisme entre les deux sexes : l’abus sexuel et la violence machiste.
Mais une inégalité quotidienne apparaît aussi en filigrane, sans toutefois traiter des sujets clés sur la place de la femme dans la société : par le travail, l’égalité professionnelle et salariale.
Lorsque l’on sait que dans le monde les femmes réalisent les 2/3 du travail humain, qu’elles ne touchent que 10% des revenus de ce travail et ne possède qu’1% des richesses mondiales, on ne peut que se révolter de la condition des femmes, que King Kong Théorie illustre à travers un spectre spécifique bien particulier.
Avec King Kong Théorie, voilà un texte d’utilité publique qui rappelle que les femmes sont aussi des hommes comme les autres, mais que le chemin est long encore à parcourir pour une égalité et une considération réelles. Le Forum économique mondial projette d’ailleurs l’égalité professionnelle Femmes/Hommes pas avant 2186…
King Kong Théorie, d'après le livre de Virginie Despentes, Adaptation Valérie de Dietrich et Vanessa Larré, avec Anne Azoulay, Marie Denarnaud et Valérie de Dietrich.
Au Théâtre de l'Atelier, 1place Charles Dullin 75018 Paris, du mardi au samedi à 21h00.
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