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Si l'on évoque la bande dessinée, chacun aura une idée bien définie de ce qu'elle représente. Certains seront intarissables sur  "l'école belge"  qui a planté les codes de cette forme d'expression. D'autres préfèreront les comics ou les mangas. Alors qu'une autre partie parlera volontiers de ces nouveaux auteurs et dessinateurs qui révolutionnent la bande dessinée... 

 

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Je ne me lancerai pas dans une longue étude de la bande dessinée. Je suis loin d'être un spécialiste. Cependant, il y a des souvenirs qui reviennent en moi... Une coccinelle en bas de page, un chien répondant au nom de Gai-Luron, un super héros bien franchouillard SuperDupont, les aventures d'Isaac Newton... Le point commun de ces personnages c'est leur créateur Gotlib. 

 

Quand on se plonge dans sa biographie, on se dit qu'il est tout à tout fait normal qu'une exposition lui soit consacrée, l'année de ses 80 ans (il les fêtera le jour de la fête nationale). De plus quand on prend conscience de tout ce qu'il a apporté à la bande dessinée française, on ne peut qu'approuver le titre de cette exposition. En effet il n'y a pas un monde Gotlib, mais des mondes de Gotlib! 

 

On pourrait s'étonner que ce soit le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme qui accueille et organise cet hommage, mais il suffit de se pencher sur l'histoire de Gotlib pour comprendre.  Marcel Mordekhaï Gotlieb est né le 14 juillet 1934, dans une famille juive hongroise immigrée à Paris à la fin des années 20. 

 

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Très tôt, le petit Marcel va se passionner pour le dessin et dévorer les livres et les hebdomadaires pour la jeunesse de l'époque comme Robinson ou Hop-Là (Adaptation française d'histoires populaires de la bande dessinée américaine). Il passe son enfance dans le populaire XVIIIème arrondissement. 

 

Quand la guerre éclate, son père Ervin, s'engage comme volontaire étranger dans l'armée française. Il sera cependant arrêté en 1942 et déporté. Il moura en février 1945 à Buchenwald. Marcel quant à lui sera caché durant toute l'occupation afin d'échapper à la persécution antisémite. 

 

" J'avais huit ans, et je ne savais pas que j'étais juif moi-même. A l'école, les copains ne parlaient que de ces pourris de youpins, répétant propablement ce qu'ils entendaient de leurs parents. Comme je ne savais pas trop qui étaient ces salauds. J'avais tendance à opiner du bonnet, pour ne pas avoir l'air con. Un beau jour, quand ma mère m'a cousu l'étoile jaune, l'étoile du shérif comme disait Gainsbourg, j'ai réalisé que je faisais partie des salauds de pourris de youpins en question. Pour employer un euphémisme... Ca m'a fait un choc."

 

Gotlib reste marqué de cette période et de la mort de son père. Après l'obtention de son BEPC en 1951, il devient comptable à l'office commercial pharmaceutique.  Dès 1952, il suit les cours du soir du dessinateur Georges Pichard à l'Ecole supérieure d'Art appliqué Dupetit-Thouard. Il se forme au dessin publicitaire. Et c'est à cette époque qu'il développe son art du dessin satirique et son goût du jeu. Il enchaîne Les emplois, d'abord lettreur chez Edi-Monde et l'agence Opéra Mundi, puis devient illustrateur d'albums de contes et histoires pour enfants. 

 

Mais ses vrais débuts dans la bande dessinée, c'est en 1962 qu'il les fait, d'abord pour le journal Vaillant-Le Journal de Pif (futur Pif Magazine). C'est cette année-là qu'il prendra définitivement le pseudonyme Gotlib. En 1965, il rejoint Pilote avec René Goscinny, qu'il considère comme son père sprituel. Pour ce magazine, il va créer "Les Dingodossiers" en collaboration avec Goscinny, avant de diriger seul sa "Rubrique-à-brac". 

 

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Dingodossiers : Les idées 7 juillet 1966

(crédits Dargaud/Marcel Gotlib) 

 

 

En 1972, en compagnie de Claire Brétecher et Nikita Mandryka, il publie L'Echo des Savanes. Et en 1975, il va fonder son propre journal Fluide Glacial. 

 

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Il développe alors un univers qui lui est propre, où l'on retrouve son goût pour l'autoportrait, les gags, la satire, une bonne dose d'humour noir, sans oublier des jeux de langage qui lui donne une maîtrise du récit à nulle autre pareil qu'il exploitera également au cinéma. 

 

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Au travers des aventures de ses différents personnages (difficile de passer à côté du Professeur Burp, Hamster Jovial, Bougret et Charolles), il met ses lecteurs face aux excès de leurs congénères, souvent pris aux pièges de leurs désirs et de leur instinct, qu'il serait bon de ne pas suivre parfois. Ainsi dans l'Echo des Savanes et dans Fluide Glacial il s'intéresse aux territoires de la sexualité et défie la religion, alors qu'un personnage tel que SuperDupont, lui permet de dénoncer et, au passage, de ridiculiser les aspects étriqués d'une France repliée sur elle-même, toujours d'actualité! 

 

Mais en tant que créateur, il a cassé les codes de la bande dessinée classique et est devenu le père du renouveau de cette forme d'expression en se détachant totalement de l'école belge et de la fameuse ligne claire... Il a tout particulièrement donné une place essentielle au texte qui sert l'image, et vice-versa. 

 

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C'est tout ce travail qui lui a permis d'obtenir en 1991, le Grand Prix du Salon international de la bande dessinée d'Angoulême. 

 

Alors quoi de mieux pour fêter les 80 ans de ce grand Monsieur, que d'organiser cette exposition regroupant près de 150 planches originales qui, si elles ont été publiées, n'ont jamais été exposées. On y découvre également de nombreuses archives photographiques, écrites et audiovisuelles. Le parcours, défini avec la complicité de Gotlib lui-même, mêle une approche chronologique, mais aussi thématique, qui met en parallèle sa vie d'homme et sa vie d'artiste. 

 

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Seront en effet évoqués la famille Gotlieb, les débuts du dessinateur, l'aventure Pilote, L'Echo des Savanes et Fluide Glacial, l'Art de Gotlib, ses pastiches et parodies, le vertige de l'absurde  et enfin le libertaire qu'il est face à la censure. 

 

Au fil des Mondes de Gotlib, on croise ses maîtres : René Goscinny, Harvey Kurtzman, Franquin et les Marx Brothers, et ses complices : Alexis, Fred, Reiser, Mandryka, Bretécher, Lob, Solé, Patrice Leconte et les Monthy Python. 

 

Un parcours pour les enfants de 8 à 12 ans a été conçu pour permettre aux plus jeunes d'appréhender de manière ludique l'histoire de Gotlib et sa création. 

 

En marge de cette exposition, il est à noter qu'un catalogue complet a été publié et qu'un programme mêlant table ronde, lectures, films et concerts sera proposé dans l'auditorium du musée.

 

Les Mondes de Gotlib, c'est donc une idée de sortie à ne pas manquer! 

 

 

Les Mondes de Gotlib, une exposition jusqu'au 27 juillet 2014, au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan  71 rue du Temple 75003 Paris, tous les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 11h à 18h, le mercredi de 11h à 21h et à compter du 30 mars le dimanche de 10h à 19h. 

 

Toutes les informations sur le site : www.mahj.org

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