Les évènements liés à la première guerre mondiale sont légion, Célébration du centenaire oblige. Il y très certainement près de chez vous une exposition qui y est consacrée. 

 

Si l'on parle souvent et à juste titre de la vie de nos poilus durant cette triste période, il existe un aspect moins connu et tout aussi intéressant pour parler de la Grande Guerre. Il s'agit de la sauvegarde du patrimoine. 

 

Certaines régions ont en effet énormément souffert des bombardements et nous avons tous vu des images de momunents détruits, comme la Cathédrale de Reims par exemple. Ce que l'on ignore souvent c'est que dans les deux camps, loin de la propagande, une véritable politique de conservation du patrimoine culturel a été mis en place. 

 

C'est ce que nous apprend une excellente exposition en deux partie qui se tient actuellement dans deux lieux phare de la région Nord, le Forum antique de Bavay (depuis le 6 février et jusqu'au 26 aout 2014) et au Musée de la Chartreuse de Douai (depuis le 29 mars et jusqu'au 6 juillet 2014). Cette exposition est très justement intitulée "Sauve qui veut!"

 

Je m'attarderai aujourd'hui plus particulièrement sur le Forum Antique de Bavay. Pour ceux qui l'ignorent, la petite ville de Bavay détient un site gallo romain très intéressant, où ont été trouvé les ruines d'une petite cité et de nombreux objets que l'on peut découvrir tout au long de l'année. L'exposition qui s'y tient actuellement est consacrée au rôle des archéologues qui se sont mobilisés durant la guerre 14-18. 

 

C'est l'occasion de lever le voile sur ce qui a été fait de part et d'autre de la ligne de front. Il s'agit là d'un sujet peu connu du grand public, qui prend tout son sens aujourd'hui. 

 

La sauvegarde du patrimoine durant la Grande Guerre est un véritable enjeu stratégique dans le déroulement du conflit. Ainsi l'armée française n'hésite pas un seul instant à utiliser les images de momunents bombardés à des fins de propagande, visant à dénoncer les "atrocités culturels" dont l'ennemi se rend coupable. 

 

 

Ce que l'on sait moins, c'est que les Allemands de leur côté ont mis en place un véritable service de protection du patrimoine menacé dans les territoires occupés. Cela va de l'évacuation d'oeuvres, de fouilles de sites archéologiques au développement de la recherche. "Sauve qui veut" retrace l'histoire de ces hommes qui ont tout mis en oeuvre pour protéger le patrimoine au coeur des destructions massives. 

 

L'exposition présente des photographies, des correspondances militaires, des objets qui ont été conservés en Allemagne ou sauvés des bombardements. Véritable paradoxe de cette guerre qui prend une dimension industrielle, provoquant des destructions massives, des pertes de vie humaines qui se comptent par milliers, tant militaires que civiles, et qui pourtant accorde au patrimoine culturel une valeur incroyable qui sert d'enjeu. 

 

L'archéologie devient alors un fait de guerre. 

 

L'exposition se penche dans un premier temps sur la situation de l'archéologie en France avant la guerre. La fin du XIXème a marqué un tournant pour cette discipline, qui s'est professionnalisée et a vu l'ouverture du Musée des Antiquités Nationales à Saint-Germain-en-Laye. 

 

Parmi tous les archéologues, Joseph Déchelette s'impose alors comme la figure centrale de l'archéologie en France. Lui qui a mis en place de véritables échanges intellectuels à travers l'Europe entière, déplore la fracture franco-allemande lorsque le conflit éclate. Le "Bulletin de l'Archéologie", dans son procès verbal mentionne la radiation des membres allemands de la société en 1914. 

 

 

Déchelette va mourir sur le front en octobre 1914. L'archéologie française aura bien du mal à se remettre de cette perte. 

 

"Sauve qui veut" présente également le travail effectué par les protagonistes du Kunstschutz, un département militaire allemand, composé de militaires, d'archéologues et d'historiens de l'art, dédié à l'archéologie dans les territoires occupés et dont le but était de mettre en place des mesures de sauvegarde du patrimoine. 

 

On découvre ainsi la minutie du travail allemand en matière d'archéologie, de muséographie et de publication. 

 

Durant la guerre, certaines oeuvres sont déplacées et des expositions sont même organisées. Soucieux d'éviter les accusations de pillage, le Kunstshutz privilégie le déplacement des oeuvres en France. Toutefois certains objets seront envoyés en Allemagne. 

 

 

L'exposition montre ansi des boîtes à cigare, issues des collections du musée de pré et proto-histoire de Berlin, le conditionnement originel dans lequel on plaçait le résultat des fouilles menées en Picardie. 

 

Enfin, la dernière partie de cette expostion est consacrée au rôle qu'a tenu le Kuntsschutz dans le développement de l'archéologie moderne en France, notamment avec l'utilisation systématique de la photographie et de la stratigraphie par les archéologues allemands. On découvre les travaux de Keune et Reine, qui ont participé à de grandes campagnes de photographies du patrimone archéologique dans les territoires menacés. 

 

 

"Sauve qui veut!" a été placé sous un commisariat franco-allemand, confié à Heino Neumayer, docteur en histoire et conservateur du Museum für Vor-und Frühgesischte de Berlin, Serge Lewuillon, professeur à l'Université d'Amiens et le Forum Antique de Bavay. 

 

L'exposition a reçu le soutien de la Mission Centenaire de la Première Guerre Mondiale et de ses mécènes. Elle fait partie également de l'action "Guerres et Paix" de l'association des conservateurs des musées du Nord-Pas-de-Calais qui fédère plus de 60 expositions dans les musées de la Région. 

 

 

Bavay est un site archéologique qui permet de prendre conscience du patrimoine historique et culturel de la région Nord, l'exposition"Sauve qui veut!" ne  pouvait trouver meilleur endroit pour être présentée. 

 

Cet angle particulier permet de voir la Grande Guerre d'un oeil nouveau et c'est ce qui en fait tout l'intérêt. 

 

 

"Sauve qui veut! Des archéologues mobilisés, 1914-1918", une exposition jusqu'au 26 aout 2014, au Forum Antique de Bavay allée Chanoine Biévelet 59570 Bavay, tous les jours de 9h00 à 12h00 et de 13h00 à 18h00. 

 

Toutes les informations sur le site : http://www.forumantique.lenord.fr

Sauve qui veut! Des archéologues mobilisés...
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