Toujours dans le cadre de la découverte de ces endroits qui sortent de l'ordinaire, aujourd'hui, je vais vous parler d'une petite ville picarde qui a une particularité non négligeable... Il s'agit de Naours qui se trouve à une vingtaine de kilomètres d'Amiens. 

 

Durant des siècles, la Picardie a vécu au rythme des guerres et des invasions et cela de 800 à 1789, point d'orgue de la Révolution française. La population devait donc trouver des statagèmes pour se protéger et mettre également à l'abri les animaux. 

 

A Naours, les habitants ont eu une idée pour le moins hors du commun : occuper le sous-sol et se réfugier dans les muches, ce qui signifie cachettes en picard, en cas de danger. 

 

 

Ces grottes refuges de la cité souterraine de Naours comprenaient 28 galeries dans lesquelles on trouvait environ 130 pièces située à une profondeur moyenne de 33 mètres. La hauteur de ces galeries variaient entre 1m60 et 2 m et la température y était constante à 9.5 °C. 

 

 

Il s'agissait en fait de carrières qui ont commencé à être creusées vers le Xème siècle. Les villageois les aménagèrent en refuges au XVIème. 

 

 

Cette véritable ville sous la ville pouvait abriter près de 650 personnes. Chaque famille disposait de sa propre chambre et on avait même aménagé des étables avec des auges pour le cheptel. Ces souterrains disposait également d'un système de puits afin de fournir la population en eau et de place pour que tout le monde puisse se retrouver. 

 

 

Afin de rester le plus discret possible lors des invasions, des cheminées d'aération et de fumée étaient reliées à celles des maisons. 

 

 

Sur les parois, on trouve des signes religieux, des inscriptions qui vont de 1340 à 1792, preuve de l'occupation des lieux. On a également retrouvé des fossiles d'inocerames, une espèce de grosse huître du crétacé qui a disparu. 

 

 

Sous Louis XVI, ce sont les contrebandiers de sel, les "Gaux-saulniers" qui utilisèrent les galeries pour déposer le sel, afin d'échapper à la gabelle. Avec le temps, les muches tombèrent peu à peu dans l'oubli. 

 

Le 15 décembre 1887, le curé de Naours, l'abbé Ernest Danicourt découvrit avec l'aide de ses paroisiens l'entrée de la ville souterraine qui s'était rebouchée depuis le début du siècle. 

 

L'abbé Ernest Danicourt

 

Pendant plusieurs années, il entreprit l'exploration et la remise en état des galeries. Il put dater les différentes occupations du site grâce aux nombreux objets qui s'y trouvaient. Il découvrit également des ossements de toutes espèces et des pièces de monnaie. En 1905, on retrouva même un véritable trèsor de 20 pièces d'or. 

 

 

Pendant la première guerre mondiale , les grottes de Naours furent occupées par les troupes britanniques et canadiennes, essentiellement entre 1916 et 1918. Un hôpital y fut aménagé. 

 

Le site a été également le terrain des troupes durant la seconde guerre mondiale. D'abord ce sont les anglais qui y stockent du matériel et du carburant. En 1941, les galeries sont prises par les allemands qui les utilisent comme entrepôt de minutions. En 1943, le lieu devient une base défensive en liaison avec le fameux Mur de l'Atlantique. 

 

A la libération, les grottes sont totalement saccagées et les collections rassemblées par l'abbé Danicourt ont disparu avec les derniers occupants. 

 

 

C'est à la Pentecôte 1949 que les grottes de Naours sont réouvertes au public. Depuis, on visite les 2000 mètres de galeries. mais aussi le parc boisé de 12 hectares dans lequel on trouve un petit parc animalier, une plaine de jeux pour les enfants. 

 

 

Un musée de cire autour des métiers d'autrefois termine la visite. 

 

La cité souterraine de Naours devrait intéresser toutes les générations, par l'originalité du lieu, l'ingéniosité de ses occupants! 

 

Une excellente idée de sortie en famille! 

 

 

Les Grottes de Naours, 5 rue des Carrières 80260 Naours, ouvert tous les jours jusqu'au 30 septembre de 10h00 à 18h30.

 

Pour plus d'informations : http://www.grottesdenaours.com

Naours : Une ville sous la ville!
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