Une chose est sûre, c'est que le musée du Quai Branly propose toujours des expositions très intéressantes. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'en faire écho sur les pages de Moi j'y crois!

 

Depuis le 6 mai, c'est le tatouage qui s'expose. On découvre ainsi le rôle tout particulier que cette pratique a dans nos sociétés depuis des siècles. Un rôle social, religieux ou mystique dans les sociétés dites primitives d'Orient, d'Afrique ou d'Océanie, un rite initiatique. Une marque diffamante en Occident. Ne marquait-on pas les criminels, les prostituées? Le tatouage avait alors mauvaise réputation. Etre tatoué c'était avoir mauvais genre... 

 

 

Aujourd'hui, le tatouage a dépassé tous ces clivages. Il y a une marque identitaire, une reconnaissance esthétique et les tatoueurs sont considérés comme des artistes, parmi lesquels de véritables stars comme Tin-Tin, conseiller artistique de l'exposition, à qui de nombreuses personnes sont ravies de confier leur peau.  

 

Le tatouage est passé de rituel ou de phénomène de marginalisation à celui d'affirmation de soi et d'ornement corporel. Depuis longtemps on s'est penché sur les valeurs ethnologiques et anthropologiques, avant d'explorer l'aspect sociologique et psychologique du tatouage. Mais il reste encore tant à dire  sur sa dimension artistique et ce qu'il raconte sur notre histoire contemporaine.

 

 

C'est cet éclairage que l'exposition "Tatoueurs, Tatoués" apporte.  Pour cela le parcours s'articule autour de 5 thèmatiques qui permettent d'appréhender le tatouage dans sa globalité. 

 

 

Ainsi "Tatoueurs, tatoués" débute par une approche des peuples tatoués à travers le monde et le temps. On découvre qu'à l'époque du Chalcolithique (3350-3100 av JC), les peuplades d'Europe semblaient pratiquer un tatouage de forme "thérapeutique". Et l'on suit la chronologie jusqu'au XXème siècle où le fait de se tatouer véhicule un message, un signe d'appartenance à un groupe. Le tatouage s'exhibe dans les cirques, mais il est également une marque identitaire et sociale. L'histoire du tatouage est présentée sous la forme d'un "wall of fame". 

 

 

L'exposition permet de comprendre les racines et l'évolution du tatouage dans trois grandes régions du monde. D'abord le Japon, où il est dans un premier temps considéré comme un outil punitif du pouvoir militaire, avant de devenir dès le XVIIème siècle un art ornemental qui connaîtra son apogée au XIXème siècle. Un art qui est étroitement lié aux fameuses estampes. 

 

 

En Amérique du Nord, le tatouage était avant tout une pratique tribale des amérindiens. il trouve une nouvelle orientation quand Martin Hildebrandt ouvre en 1846 la première boutique de tatouage à New York. C'est aux Etats-Unis également que nait la première machine à tatouer électrique en 1881. Machine que l'on doit à Samuel O'Reilly. 

 

 

Quant à l'Europe, le tatouage y est présent chez les Romains et les Pictes, mais il est réprimé par le christianisme. Il ne fait son retour qu'au XIXème siècle. 

 

Autre aspect évoqué, le rôle du développement, de la facilité de voyager et du tourisme dans l'évolution d'un tatouage traditionnel influencé par les regards extérieurs. Le tribal a la côte et l'on peut parler de nouvelles écoles de tatouage qui ont leurs maîtres notamment en Nouvelle-Zélande, en Polynésie, aux Philippines, en Indonésie ou en Thaïlande. Et le tatouage s'exporte et de nouvelles écoles émergent sans cesse. C'est la cas en Chine, où l'on mêle images traditionnelles et modernes, alors qu'en Amérique, le tatouage latino et chicano s'inspire des codes populaires américano-mexicains. 

 

 

Mais le tatouage actuel a aussi sa place dans cette expostion. 8 photos montrent des tatouages assez représentatifs de l'approche de la nouvelle génération de tatoueurs et démontrent, si certains en doutaient encore, qu'il s'agit là d'un véritable art. La projection du film Mainstream Mode présente les tendances actuelles. 

 

 

Cerise sur le gâteau, le parcours de "Tatoueurs, tatoués" est ponctué de 32 oeuvres originales, produites spécialement pour l'exposition par des maîtres de cet art. 13 tatouages contemporains sont présentés sur des volumes de jambe, buste et bras en silicone et 19 tatoueurs du monde entier ont réalisé à l'encre, à l'acrylique, à l'aquarelle, à la mine à plomb ou au feutre des projets sur toile de bodysuit japonais. 

 

 

 

A l'issue de l'exposition, le tatouage n'aura plus de secret pour vous. Peut-être qu'elle vous donnera l'envie de passer le pas et de devenir un de ces tatoués, à moins qu'elle n'ouvre de nouvelles vocations de tatoueurs... 

 

 

"Tatoueurs, Tatoués", exposition jusqu'au 18 octobre 2015, au Musée du Quai Branly 37 quai Branly 75007. 

 

Ouverture les mardis, mercredis et dimanches de 11h00 à 19h00, et les jeudis, vendredis et samedis de 11h00 à 21h00. 

 

Toutes les informations sur le site : http://www.quaibranly.fr

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